chapitre 10

Publié le par Néron

Marine resta une semaine sur l’île sans que rien ne se passe. Un jour elle finit par chaparder un stylo et un bocal étanche puis partit envoyer une bouteille à la mer.

 

 

 

Une nouvelle fois le vent soufflait, très fort. Les vagues se fracassaient contre les falaises projetant des nuages d’écumes qui retombaient ensuite en fine pluie sur le promontoire.

La jeune fille venait de lacher sa bouteille, en pleine nuit, elle était passée inaperçue.

Elle contempla la furie des éléments quelques instants puis frissona :

« il faut que je rentre »

Elle se retourna…et se retrouva nez à nez avec une ombre haute et mince. Elle étouffa un cri.

-         Marine, je dois te parler, dit une voix monocorde.

-         Isaac ?!

-         Suis-moi.

-         On va où ?

Mais Isaac était déjà partit. La jeune fille le suivit. Ils longèrent la falaise, régulièrement éclaboussés par les embruns.

Sous une pluie battante, ils descendirent le long d’une corniche un chemin moins escarpé que les autres.

La plage était presque inondée, mais Isaac continua d’avancer sans se soucier des vagues d’un mètre qui le déséquilibraient régulièrement :

-         Isaac ?! gémit Marine, à moitié inquiète

-         Suis-moi, se contenta de répondre ce dernier.

L’eau glacée monta jusqu’en haut des jambes de la jeune fille, elle releva la robe que Gertrude lui avait prêté.

Isaac avançait toujours, seul son buste était encore émergé. A la limite d’être emportée par le courant, la jeune fille hurla :

-         Isaac ?! J’ai si peur ! on va où ? Arrête s’il te plait ! Et puis j’ai froid !

Mais Isaac, imperturbable, continuait de cheminer.

 

 

 

Enfin, au bout de vingts bonnes minutes de marche avec de l’eau jusqu’à la taille, il s’arrêta devant une falaise. Marine était loin derrière et s’efforçait tout en luttant contre le courant, de le rattrapper.

Elle finit par le rejoindre et fut désagréablement surprise : une cavité s’ouvrait au cœur du rocher :

-         Isaac ! on va quand même pas rentrer là dedans ?!

-         Viens.

-         Non, je reste là ! dit-elle du ton le plus déterminé possible.

Son guide fit semblant de ne pas l’entendre et s’enfonça dans la profonde caverne.

-         Isaaaaaac !

Marine resta trente secondes au seuil de cette porte des enfers. Enfin elle se décida à avancer.

Il lui sembla que le sol remontait en pente douce et, en effet, elle fut bientôt ravie de constater qu’elle était au sec. Quoiqu’au sec fut un euphémisme car l’endroit était un véritable boyau humide couvert de stalactites.

Les bruits de pas de l’homme lui venaient du fond de la caverne, si tant est qu’il y en eut un. Eclairée par la lune, Marine s’aventura plus en avant dans le tunnel.

 

 

 

Il lui fallut près d’une heure pour rejoindre Isaac après s’être trompée plusieurs fois de chemin. Il l’attendait tranquilement assit près d’un feu, sous une cheminée naturelle.

-         Viens te réchauffer.

-         Merci, dit-elle, grelottante.

Elle s’assit elle aussi et entreprit de réchauffer ses mains gelées.

-         Marine…tu dois te demander pourquoi je t’ai fait venir ici…aujourd’hui, et dans ces conditions.

-         Oui, avoua-t-elle, en dégageant une mèche trempée de son visage

-         Je voulais te montrer…notre trésor

-         Votre…

-         Il y a quarante ans, je suis venu ici pour la première fois. Ma mère avait voulu s’installer sur cette île à l’écart de toute civilisation. J’étais alors un enfant, et je jouais les explorateurs…parfois un peu trop téméraire. Un jour ma mère a été surprise de ne pas me voir revenir au dîner. Et pour cause…J’étais tombé, ici même.

Isaac leva les yeux vers le trou béant de la cheminée, à quatre mètres au dessus de sa tête :

-         Vous auriez pu vous rompu le cou ?

-         Ca n’a pas été le cas. Mais j’ai surtout échappé à un danger plus grand encore. Ma mère aurait très bien pu ne plus jamais me revoir, car je suis tombé à huit centimètres de ceci.

L’homme sortit un colis de son large pardessus. Il le défit lentement.

-         Qu’est-ce que c’est ?

Un fourreau apparut au milieu du papier. Marine siffla d’admiration :

-         J’aurais pu m’empaler. Mais ce n’est pas arrivé. Et depuis, nous ne nous séparons plus. Au début c’était un compagnon de jeu, et puis, il y a dix ans, j’ai commencé à percer son secret.

Il tendit l’objet à Marine :

-         Pesez-le

-         C’est lourd

-         Trop lourd pour un étui. Regardez bien, touchez l’intérieur du fourreau.

-         C’est…c’est dur. Mais pourtant il n’y a rien. On dirait comme du verre.

Isaac sortit un manche d’épée de sa veste (vraimment très ample). Il le juxtaposa à l’étui et tira. Dans un bruit de métal, le manche ressortit seul de l’étui. Isaac semblait manier une épée imaginaire :

-         Je…je ne comprends pas…vous m’avez fait venir ici…pour me montrer une lame fantasmatique ?

-         Elle est bien réelle…et en voici la preuve.

Marine sentit une pression sur son épaule droite : le quinquagénaire pointait son manche dans sa direction.

-         Vous n’allez pas me dire que…

-         Si…cette lame est invisible…et vous n’en saisissez même pas la moitié des implications…car il ne s’agit pas d’un banal tour de passe passe à la peinture invisible…

 

Publié dans La seconde fondation

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
qu'il est fort se isaac lol nan mais c'est terrible la suiiiiiiiiittttttttteeee
Répondre