chapitre 1

Publié le par Néron

Le vent sifflait ce soir-là. La nuit était d’encre. Il pleuvait.

Coup de tonnerre. Philippe leva la tête. « Je dois vite finir ». Il replongea dans son travail.

Sa plume parcourut quelques centimètres avant d’être levée, incertaine : « et si je me faisais du soucis pour rien ? Et si il n’allait pas venir ce soir ? »

« Non, je dois continuer ». La plume reprit son manège entre l’encrier et la feuille. Il avait choisi de réaliser enfin ce rêve : écrire avec une vraie plume d’oie. Il allait mourir ce soir, il en était persuadé. Quand viendra-t-il ? C’était toute la question.

La pluie battait violemment aux carreaux. Le lustre électrique clignota un instant avant de s’éteindre. « Il est là ! »

Philippe alluma une bougie et la posa à l’angle de son bureau. Sa plume poursuivit son travail dans un mouvement plus saccadé. Il sentit son poignet se raidir, son cœur accélérer ses battements, ses entrailles se nouer.

Au loin, le vieux portail en fer forgé grinça. « il arrive, ce ne peut pas être le vent. »

Les graviers crissèrent régulièrement sous les pas nonchalants d’un homme de gabarit moyen. « Pourquoi ai-je mis des graviers ? Et pourquoi fait-il tant de bruit ? Pourquoi est-ce que je reste là ? Je ne devrais pas fuir, m’enfermer ? Non, il se fait entendre pour me déconcentrer. Pour que je ne finisse pas. »

Il se remit au travail avec une ardeur redoublée. Le bruit des pas sur les graviers se fit plus pressant, puis plus rien. « Le paillasson ». La serrure cliqueta.

« Je suis au deuxième étage. Il le sait. Je l’entends .»

En effet, les vieux escaliers de bois craquèrent sous le poids de l’homme. Philippe n’avait jamais eu aussi peur. Il y eut une pause dans les bruits « Il doute…non, il est sur le palier…la moquette étouffe ses pas. Vite !!! ça y’est ! »

Le vieil homme leva sa plume avec précaution et s’approcha de son fax. Il lui restait quinze seconde. Quatorze. Treize. Douze. Le bourdonement du papier qui passe sembla assourdissant. Cinq…Quatre…Trois…Le voyant vert confirmant l’envoi s’alluma. « Je peux mourir !... » Deux……..Un……..La poignée de la porte du bureau tourna lentement. Un révolver apparut.

-         Bonjour Philippe.

-         C’était toi ? Murmura le vieux dans un souffle. Tu as aussi…

-         Oui…c’est moi qui ai tué Vladimir et Romain.

-         Mais…

-         Tu sais ce qu’on dit

-         Non.

-         Un secret n’est jamais mieux gardé que par soi-même…Nous étions quatre. Trois de trop.

-         Nous étions…amis.

L’homme au révolver eut un rire nerveux :

-         Non. L’amitié…n’a rien à voir là dedans. Je t’ai déjà expliqué pourquoi…

-         Pourquoi nous en étions là…

-         Oui…

-         Tu sais…je vois que tu cherche à te justifier. Tu n’es pas persuadé du bienfondé de ton action…

-         …Si ! je le suis ! - Hurla l’homme qui gardait son visage dans l’ombre. - De toute façon…Tout cela va finir ce soir. Toi et moi…sommes les derniers au courant. - Il jeta un coup d’œil vers le fax : - ta ligne téléphonique est coupée. Ton fax n’est jamais arrivé.

Le vieil homme blémit :

-         Comment sais-tu ?

-         Au revoir Philippe.

-        

La balle partit en même temps qu’un vacarme assourdissant envahit l’ancienne demeure. Le projectile traversa le ventricule droit et arracha un morceau de poumon au passage, provoquant une abondante hémorragie. Le sang du septuagénaire se répandit sur le sol en reflétant la lueur de la bougie :

-         ça fait…très mal

-         Et encore…Il te reste 2 minutes à vivre. Ton cœur va vouloir maintenir une pression constante dans tes artères et il va se mettre à battre de plus en plus vite et plus fort. Sauf qu’avec tout ce sang qui coule... – Il jeta un coup d’œil dégouté au liquide rouge vermeil qui se répendait sur le sol – Il va avoir de plus en plus de mal à tenir la cadence. Et puis d’un coup…paf, tes ventricules vont se désynchroniser. Il parait que c’est très douloureux…c’est appelé Infarctus. Et ensuite…

-         …mon cerveau, qui ne sera plus alimenté en oxygène, va se gangréner

-         …et ça en sera finit de l’un des plus grands esprits de ce siècle…navrant. Il te reste une minute à vivre.

L’homme parut satisfait son effet et partit jouer en sifflotant avec le coffre-fort du savant. Il fit tourner les molettes quelques secondes avant d’entendre le cliquetis caractéristique du dévérouillage :

-         Vois-tu, cher Philippe, tu n’as jamais su profiter de tes succès.

Et il tira une liasse de documents du coffre :

-         Ne jamais mettre ses œufs dans le même panier. Quand retiendras-tu la leçon…vieillard !

-         Et ne pas sous-estimer les anciens…vaurien !

-         Je t’interdis !

-         Tu m’interdis quoi ? - Le vieil homme partit dans un rire dément suivi d’une violente quinte de toux avant de cracher du sang.- Il me reste 20 secondes de conscience !

L’autre donna un violent coup de pied au mourrant. Il jeta un œil à la liasse :

« Dans le cul » Etait la seule phrase qui y était écrite, copiée des dizaines de fois pour remplir une page :

-         Et tu trouves ça drôle !

-         Au revoir…Grég…

Les caractères sur le papier s’effacèrent devenant une mince fumée qui s’éleva. « Qu’a-t-il fait ? »

 

 

 

 

La détonation troua la nuit sur des kilomètres. Une déflagration envahit le bureau et des flammes orangées s’élancèrent sur une dizaine de mètres par-delà la fenètre. Des débris de bois, de béton et de verre, pulvérisés par l’explosion retombèrent en contrebas. Parmi eux, des lambeaux de chair de deux humains méconnaissables.

 

 

 

 

Publié dans La seconde fondation

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N
putin faut que tu arrete tu as un tallend fou mais pas utiliser a bonne essien il faut que tu finisse au moin une de tes histoire un jour parce que la c'est plus que magnifique
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N
Merciiiii !<br /> :D :D :D<br /> Ben oui, en fait j'ai du mal vu que quand j'écris le début je connais déja le milieu de l'histoire et que quand je suis rendu à la fin, ben moi je la connais déja.<br /> Promis, La seconde fondation sera achevée !